
Vanik BERBERIAN, président de l’AMRF
La commune, lieu d’excellence de la proximité
Pourquoi aller chercher plus loin ? La proximité, comme son nom l’indique renvoie à l’idée que l’écart, la distance entre le service et l’usager soit réduit au minimum. Les élus ruraux, sont des élus de proximité. Au quotidien, ils sont en contact avec les habitants, leurs projets et leurs problèmes. Il y a donc une expertise forte de cette relation qui est souvent sous utilisée dans la réflexion. Une raison à cela. La réflexion vient de la grande ville et de l’administration, dans le sens de l’urbain vers le rural. D’où l’idée progressive que l’enjeu n’est plus le premier kilomètre, entre l’habitant et le service, mais du service à l’habitant, le « dernier kilomètre », celui qui couterait plus cher. (Lire la suite)
Or, nous pensons qu’il faut inverser le raisonnement. Partir de l’habitant et non du service. Le plus cher est le premier kilomètre. Celui qui fait qu’aujourd’hui le besoin est d’abord local. Que la population croit et qu’elle se diffuse dans tout le territoire, que la densité du pays grandit. Beaucoup d’opérateurs privés le comprennent. Pourquoi l’Etat et les services publics devraient passer à côté ?
Face à cette tentation de la concentration, la proximité, ses contraintes et ses opportunités doit être pensée, réfléchie et conçue à partir de l’habitant et non de ce mot valise « territoire » qui est le plus meilleur prétexte pour certains pour programmer l’éloignement progressif. Nous pensons que le plus important reste le lien avec l’habitant, cette simplicité de l’échange qui doit se retrouver dans les services. Ce qui suppose par exemple que la solution numérique ne soit pas vécue comme la panacée et le meilleur moyen de s’affranchir d’une relation de confiance conquise et vécue sur le terrain. Elle doit être un outil et non une fin en soi.
L’objectif, c’est le service rendu. Les maires ruraux savent l’importance de cette notion à l’échelon de la commune, cette entité de base de la démocratie, mais aussi ce lieu de contact direct, propice à la réactivité, à la compréhension et à l’émergence de solutions.
Dans les débats qui jalonnent notre pays depuis des années maintenant, le sujet est traité comme la variable d’ajustement aux critères de solvabilité ou de rentabilité. Les habitants des communes rurales, et les élus qui les représentent, savent que la qualité de vie tient aussi de la présence de services, plus ou moins proches. Les décisions prises par les élus de regrouper, de mutualiser sont prises non par esthétique d’une solution à tout – la mutualisation -, mais bien parce qu’à certaines conditions, pensée comme un outil et non une fin, elle permet de rendre le service au plus près même si sa gestion ou son portage est départemental ou intercommunal.
Il y a donc urgence à s’imprégner de cette exigence-là dans les réflexions à venir. Les contraintes budgétaires, doublée d’une idéologie de la concentration des pouvoirs et des moyens, sont doivent rester à la juste place qui est la leur, une contrainte mais certainement pas le meilleur moyen d’accroitre ce paradoxe pour notre pays : connaitre aujourd’hui des territoires avec plus d’habitants et moins de services qu’il y a vingt ans !
Vanik BERBERIAN Président de l’AMRF