Economie de proximité et politique d’aménagement du territoire
S’il est un domaine où la décision politique génère des effets évidents et durables sur l’activité économique, c’est bien dans celui de l’aménagement du territoire. Au-delà d’illustrer le proverbe « L’enfer est pavé de bonnes intentions », la première loi destinée à réglementer l’urbanisme commercial votée le 27 décembre 1973, dite « Loi Royer », nous en a offert une démonstration éclatante. En effet, ce régime censé protéger le petit commerce en limitant la croissance des grandes surfaces en centre ville a généré des effets aussi inattendus qu’indésirables, du moins pour celui qui en était l’auteur, et a sans doute été l’un des facteurs déterminants de l’évolution du paysage commercial à la fin du XXème siècle.
De nos jours combien d’élus n’ont-ils pas constaté, dans leurs propres territoires, les impacts positifs ou négatifs, mais souvent immédiats et toujours bien réels, que pouvaient avoir des décisions d’aménagement urbain ou de circulation sur le subtil équilibre économique d’un village, d’un quartier ou d’une ville ?
Conscient de leurs conséquences sur les économies des territoires et de proximité, le législateur a perfectionné les dispositifs législatifs et réglementaires qui encadrent non seulement l’urbanisme commercial mais aussi, et plus largement, l’aménagement du territoire. En témoigne la création de nouveaux outils comme les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) ou les Documents d’Aménagement Commercial qui sont devenus des éléments indissociables de toute politique d’aménagement du territoire.
Car aujourd’hui, on l’a bien compris, la qualité de vie passe par une activité économique génératrice de lien social, et qu’il est devenu impensable d’expulser cette dernière à la périphérie de la ville.
Cette irrigation du cœur de la ville par l’activité économique, et c’est là une difficulté supplémentaire pour nos élus, est faite d’échanges et de flux physiques. Ainsi les livraisons, les déchets, les odeurs ou le bruit peuvent rapidement devenir des sources de nuisances et d’inconfort. Ici, la nostalgie n’a pas sa place et pour s’en convaincre il suffit de relire « Les embarras de Paris », la célèbre satire de Boileau qui nous décrit un Paris sale et bruyant, étouffant sous l’intensité de son activité commerciale et artisanale.
Pas facile donc de trouver bon équilibre !
Heureusement, l’imagination des acteurs de la proximité associée à l’innovation technologique permettent aujourd’hui d’envisager le retour à la vie économique de la ville en en limitant les effets néfastes. En effet, des solutions de transport nouvelles ou de mutualisation des flux voient le jour et le numérique apporte, dans ce domaine comme dans d’autres, sa part de réponses.
Ces troisièmes Assises de la Proximité seront l’occasion de débattre et faire le point sur ces questions avec les meilleurs experts, des élus et de nombreux praticiens de la proximité, sous la présidence d’Alain Calmette, député du Cantal, membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, co-président du groupe d’études Politiques de la ruralité et sous le patronage de madame Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme.
Jacques Marceau Président d’Aromates Co-fondateur du Manifeste de la Proximité
