Olivier Babeau

Olivier BABEAU, professeur de sciences de gestion, Université Paris Dauphine, membre de
la Fondation Concorde

« L’économie de proximité : une condition de performance des territoires ? »

L’irruption des nouvelles technologies de l’information et de la communication au cours de ces quinze dernières années a semblé marquer l’aboutissement d’un phénomène d’abolition de l’espace qui avait débuté depuis des millénaires, lorsque les premiers marchands – souvent au péril de leur vie – prenaient le risque de parcourir les continents pour satisfaire la demande en produits lointains : épices, métaux précieux, tissus. Mais c’est vraiment aux XIXe et XXe siècles que, la mécanisation aidant, les moyens de transports sont devenus massifs et sûrs.

Les plus grands conteneurs pouvant transporter à travers le globe jusqu’à 300 000 tonnes de marchandises ! Après la multiplication et la sécurisation des routes commerciales à travers le monde et l’accélération des échanges de biens qu’elle permet, c’est désormais l’information qui semble se jouer des distances, rendant notre correspondant en Chine aussi proche que notre voisin de palier.

Cette « proximité absolue » rend-elle la proximité spatiale, en un certain sens, obsolète ? Les relations sociales elles-mêmes semblent l’indiquer : les sociologues constatent le développement de réseaux sociaux mondiaux dans lesquels les participants substituent aux relations « locales » traditionnelles des amitiés nommées « virtuelles » dans la mesure où elles ne se traduisent jamais (ou quasiment) par une coprésence physique.
La notion de proximité devient-elle sans objet pour l’analyse des échanges et de la création de valeur – autrement dit, pour l’économie ? L’espace est-il définitivement aboli comme moyen et critère de création de valeur ? Est-ce une catégorie dépassée qui ne peut plus rien nous apprendre sur la façon dont une société crée et entretient ses conditions matérielles d’existence – inséparables, nous le savons, du bien-être tout court ? A travers ces interrogations, ce sont évidemment les phénomènes problématiques de l’affaiblissement de notre tissu économique (à travers les délocalisations), de la désertification des territoires, du délitement du lien social local et de la qualité de vie qui sont directement en jeu.
Mon intervention cherchera à poser certains éléments de réflexion relativement à ces questions. Les sciences économiques et de gestion permettent de donner quelques éclairages sur les mécanismes favorisant la performance des territoires. Nous savons ainsi que l’économie et les territoires entretiennent en réalité, aujourd’hui comme hier, une relation d’étroite interdépendance. Le rôle de « l’économie de proximité » est fondamental car de sa vigueur dépendent le dynamisme économique et l’équilibre social de nos territoires.

Dans les médias, Revue de presse

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