Le commerce de proximité doit prendre un nouvel élan !
Maire d’une commune de 15 000 habitants depuis 2001, la problématique du commerce de proximité s’est révélée très prégnante, et plus globalement celle du centre ville. En effet, un centre ville qui se dévitalise a pour corollaire un lien social qui se délite, une identité qui se perd! Cette vérité se vérifie d’autant plus dans les zones rurales. Devenu Député en 2007, j’ai souhaité prolonger mon engagement pour la promotion du commerce de proximité et faire part de mes expériences de terrain en tant que Maire.
J’ai ainsi pris la présidence du Groupe d’Études sur les marchés, le commerce non sédentaire et le commerce de proximité. Ce groupe est l’un des plus importants de l’Assemblée Nationale, avec plus de 80 députés qui participent à la réflexion sur le soutien à ce secteur d’activité menacé par la concurrence des autres formes de commerce. Vice-Président du Conseil Stratégique sur le Commerce de Proximité, je participe également aux travaux de cette instance sur la définition du périmètre du commerce de proximité, sur les bonnes pratiques à étendre sur l’ensemble du territoire, sur la communication et la valorisation du métier de commerçant…
Depuis le début des années 2000, les Maires se sont saisis pleinement de la question de la désertification des centres villes et de l’émiettement du territoire communal. C’est pourquoi, dans ma commune, j’ai engagé en 2004 un vaste chantier de requalification du centre ville et des espaces publics, en injectant 20 millions d’euros dans des travaux
d’embellissement, d’amélioration de la fonctionnalité (construction d’un parking souterrain gratuit), et de sécurisation des aménagements urbains. Le corollaire de cet investissement public est aussi une véritable politique de l’urbanisme pour ramener la population en centre ville pour y vivre et y consommer.
Le commerce de proximité en est un acteur majeur, tant il contribue à la dynamique économique, à l’animation et à la vie des coeurs de ville! Proximité est synonyme de lien social, d’accueil, d’écoute et de rencontre!
Une fois les investissements réalisés, il convient de se pencher sur les modes de fonctionnement du centre ville. Comment occuper cet espace requalifié? Comment associer l’ensemble des acteurs pour le rendre encore plus attractif, se le réapproprier? C’est là que seule l’intervention des élus locaux ne suffit plus, et que la création de synergies s’impose!
Construire des partenariats, mutualiser les moyens pour développer de véritables projets de vie en centre ville, s’appuyer et optimiser le triptyque: Maire / CCI / Association de commerçants et artisans. Le manager de centre ville apparaît comme la bonne interface entre les commerçants, les services territoriaux, les chambres consulaires, les associations, l’office du tourisme,…
Au niveau parlementaire, le travail législatif permet d’apporter des éléments d’amélioration permanente: la LME a eu le mérite d’affirmer la place du commerce de proximité dans l’économie générale, mais n’est pas allée assez loin étant donné la capacité de la grande distribution à s’adapter et à contourner les lois. La loi portant réforme de l’urbanisme commercial en l’intégrant dans le droit commun offrira aux élus locaux de véritables marges de manoeuvre et leur permettra de suivre l’implantation de commerces sur leur territoire avec une approche stratégique. En tant qu’outil dans le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), le Document d’Orientation et d’Objectifs (DOO) et le Document d’Aménagement Commercial (DAC) permettent de définir et de maitriser le développement commercial sur le territoire, et de proposer une offre commerciale diversifiée et adaptée aux besoins des habitants. Ce dernier point sera également traité par le manager de centre ville, qui va identifier les secteurs d’activité à développer, grâce à un travail de terrain; puis jouer un rôle de pivot auprès des institutions et des investisseurs.
Le soutien aux commerçants et artisans de proximité repose aussi sur le dispositif du Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat et le Commerce (FISAC), outil indispensable en zone rurale. Afin de pérenniser cet outils et de maintenir ce fonds, je me suis fortement investi pour défendre l’amendement n°II – 143 que le Sénat a adopté le 3 décembre 2010. Cette initiative a permis l’obtention d’une somme supplémentaire de 21 millions d’euros pour l’année 2011. 64 millions d’euros sont ainsi disponibles pour soutenir les entreprises dans le cadre de leurs investissements, mais aussi les association de commerçants dans le cadre de leurs programmes d’animations.
Mais l’avenir du commerce de proximité passe, outre le volontarisme indispensable des élus locaux, par la capacité des commerçants et artisans à saisir les opportunités qui se présentent. Notre société change, l’acte d’achat également, c’est pourquoi à l’heure du Développement Durable, la proximité revêt tout son sens et retrouve de la pertinence pour ce que nous appelons les « consom’acteurs », en quête d’authenticité et de goût. Il s’agit désormais de capter ces nouvelles attentes, de se positionner sur des produits de terroir, identifiés et de qualité, en utilisant aussi les nouvelles techniques de vente (achats en ligne, drive,…). Cela nécessite une remise en cause des pratiques du commerce de proximité qui passe par plus de professionnalisation de l’ensemble de ses acteurs. La mutation du commerce de proximité ne peut s’exonérer d’une meilleure identification de sa clientèle et de ses attentes. Plutôt que de s’inscrire dans une opposition frontale avec les grandes surfaces, le commerce de proximité doit proposer une alternative à la consommation de masse, une complémentarité, voire même créer des partenariats, y compris financiers, avec les grandes enseignes.
Bernard REYNÈS
Maire de Châteaurenard
Député des Bouches-du-Rhône
